Par Al Mayadeen English, le 14 janvier 2025
L'accord pourrait être finalisé dès aujourd'hui si les discussions se déroulent sans anicroche.
Les négociateurs de Doha doivent finaliser mardi un accord de cessez-le-feu pour Gaza, à la suite d'une "percée" décisive dans les pourparlers qui ont fait naître l'espoir de mettre fin à la guerre israélienne en cours, a rapporté l'agence Reuters.
Le ministère des Affaires étrangères du Qatar a quant à lui déclaré mardi que les négociations à Doha en vue d'un accord de cessez-le-feu et d'échange de prisonniers en sont au "stade final".
"Nous pensons être à la phase finale (...) nous espérons vraiment que cela va mener très vite à un accord", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Majed al-Ansari, lors d'une conférence de presse, ajoutant que "tant qu'aucune annonce n'aura été faite (...) on ne doit pas trop se réjouir pour l'instant".
Il a également indiqué que les obstacles à l'accord ont été levés.
"Au cours des derniers mois, des questions sous-jacentes, voire majeures, entre les deux parties n'ont pas été résolues. Elles l'ont été au cours des pourparlers de ces deux dernières semaines, et nous sommes donc à un stade où les principales questions qui entravaient la conclusion d'un accord ont été traitées",
a conclu M. al-Ansari.
Dans le même temps, le Hamas a publié une déclaration révélant qu'il a contacté et consulté les dirigeants des factions palestiniennes, et les a informés des avancées des négociations à Doha.
Le mouvement a affirmé qu'il poursuivra le dialogue et les consultations jusqu'à ce que l'accord de cessez-le-feu et d'échange de prisonniers soit conclu, alors qu'il se trouve dans sa phase finale, selon la déclaration.
Le président américain Joe Biden a déclaré qu'un cessez-le-feu et la libération des prisonniers pourraient être imminents.
Selon une source au fait des négociations, une version finale de l'accord a été présentée lundi à la fois à Israël et au Hamas, à minuit, après des discussions auxquelles ont pris part des envoyés de Joe Biden et du président élu Donald Trump.
Une source palestinienne proche des négociations a déclaré à Reuters que l'accord est susceptible d'être finalisé dès mardi si les discussions se déroulent sans anicroche.
Le Financial Times a cité un diplomate informé qui a déclaré qu'un accord pourrait être finalisé dès mardi ou mercredi, avec une mise en œuvre attendue 48 à 72 heures après l'annonce.
"Ils se sont mis d'accord sur toutes les questions principales", a déclaré le diplomate. "Il ne reste plus qu'à aborder les questions logistiques et mineures".
Le document, qui définit les conditions d'un cessez-le-feu et de la libération des prisonniers israéliens, aurait été présenté par le Qatar aux deux parties à Doha.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a affirmé que la balle est désormais dans le camp du Hamas, alors que l'on s'attend à ce qu'il dévoile un plan de relance de l'après-guerre pour Gaza plus tard dans la journée de mardi, selon Axios.
Dernière phase des négociations sur la trêve à Gaza
Dans le même temps, l'AFP, citant une source au fait des négociations, a rapporté qu'une "dernière phase" des pourparlers sur la trêve à Gaza devait débuter mardi au Qatar.
La source, qui s'est exprimée sous couvert d'anonymat en raison de la nature sensible des négociations, a confirmé que les réunions "ont pour but de finaliser les derniers détails de l'accord".
Les négociations impliquent les chefs des agences du renseignement israéliennes, les émissaires au Moyen-Orient de l'administration américaine entrante et sortante, ainsi que le Premier ministre du Qatar.
Détails clés
Si l'accord aboutit, le cessez-le-feu progressif pourrait marquer la fin de plus d'une année de négociations sporadiques, et aboutir à la plus importante libération de prisonniers israéliens depuis le début de la guerre, quand le Hamas a libéré environ la moitié de ses prisonniers en échange de 240 détenus palestiniens.
Un fonctionnaire israélien a déclaré que les négociations en vue de la libération de 33 des 98 prisonniers israéliens restants sont à un stade avancé, ce qui correspondrait à la première phase de l'accord. En échange, Israël libérerait 1 000 détenus palestiniens, selon une source palestinienne proche des pourparlers, qui a ajouté que la première phase devrait durer 60 jours.
En revanche, les combattants du Hamas prétendument impliqués dans l'opération "Al-Aqsa Flood" ne seront pas libérés.
Le responsable israélien a indiqué que la première phase de l'accord impliquerait la libération de 33 otages, dont "des enfants, des femmes, des femmes soldats, des hommes de plus de 50 ans, des blessés et des malades", ainsi qu'un retrait progressif et partiel des troupes israéliennes d'invasion.
Commentant le nombre de détenus, le Times of Israël a estimé, reprenant une copie de l'accord obtenue par The Associated Press, qu'Israël devra payer un lourd tribut pour obtenir la libération des femmes soldats retenues en captivité.
Parmi les 33 femmes soldats israéliennes, cinq seraient libérées en échange de 50 prisonniers palestiniens, dont 30 prisonniers politiques condamnés à perpétuité.
Des mesures de sécurité seront mises en œuvre le long du couloir frontalier de Philadelphie avec l'Égypte, situé à la lisière sud de la bande de Gaza, Israël devant se retirer de certaines parties de la zone dès les premiers jours de l'accord.
Les "civils non armés" du nord de Gaza seront autorisés à y revenir, des dispositifs étant mis en place pour empêcher la "contrebande d'armes". Les troupes israéliennes devraient également se retirer de l' axe de Netzarim, dans le centre de Gaza.
Le checkpoint de Rafah entre l'Égypte et Gaza recommencera à fonctionner progressivement, pour faciliter la sortie des malades et des urgences humanitaires de la bande de Gaza pour recevoir un traitement médical.
En outre, la bande de Gaza est sur le point de bénéficier d'une augmentation substantielle de l'aide humanitaire, alors que les organisations internationales, y compris les Nations unies, ont mis en garde contre une aggravation de la crise humanitaire.
Alors qu'Israël a accepté d'autoriser l'entrée de l'aide à Gaza, des désaccords persistent sur le volume de cette aide, et la quantité réellement acheminée jusqu'aux personnes dans le besoin.
Qui "contrôlera Gaza" après la guerre ? Les incertitudes demeurent
L'une des principales incertitudes des négociations en cours concerne la question de savoir qui "prendra le contrôle de Gaza" après la guerre.
Le cycle de négociations actuel semble avoir négligé ce point, compte tenu de sa complexité et des difficultés potentielles liées à la conclusion d'un accord partiel.
Israël a clairement indiqué qu'il ne mettra pas fin à la guerre tant que le Hamas restera au pouvoir, tout en rejetant l'idée que l'Autorité palestinienne prenne le contrôle de Gaza.
Depuis le début de son génocide, Israël maintient qu'il conservera le contrôle de la sécurité à Gaza une fois que les combats auront cessé.
De son côté, la communauté internationale souligne que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens. Néanmoins, des discussions ont eu lieu entre Israël, les Émirats arabes unis et les États-Unis concernant la mise en place d'une
"administration temporaire pour superviser Gaza jusqu'à ce qu'une Autorité palestinienne restructurée puisse en prendre le contrôle".
Réactions des extrémistes israéliens à l'accord sur Gaza
Dans un post sur X, le ministre israélien de la Police Itamar Ben-Gvir a manifesté une forte hostilité à l'accord de cessez-le-feu à Gaza en cours, qui comprend la libération de centaines de détenus palestiniens des prisons israéliennes et le
"retour de milliers de résidents de Gaza dans le nord de Gaza et le retrait de l'armée israélienne [IOF] de l'axe de Netzarim".
Ben-Gvir a fait valoir que l'accord "efface les acquis de la guerre que nos combattants ont payé au prix du sang versé à Gaza", guerre qui a entraîné la mort de centaines de soldats de l'occupation israélienne.
Il a également reproché à l'accord de ne pas garantir la libération de tous les otages israéliens, et a exhorté le ministre des Finances Bezalel Smotrich à s'y opposer avec lui, menaçant de démissionner du gouvernement si l'accord est mis en œuvre.
M. Ben-Gvir a appelé le Premier ministre Benjamin Netanyahu à
"revenir à la raison et prendre des mesures qui permettront d'éradiquer le Hamas et de libérer nos otages sans compromettre la sécurité d'Israël, en cessant complètement tout transfert d'aide humanitaire, de carburant, d'électricité et d'eau vers Gaza, et en poursuivant les frappes militaires contre le Hamas jusqu'à sa défaite totale".
Smotrich qualifie l'accord de Gaza de "catastrophe"
Hier, des proches de otages israéliens détenus à Gaza ont violemment critiqué le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, pour s'être opposé à l'accord de cessez-le-feu et d'échange de prisonniers négocié au Qatar.
Smotrich, le chef du parti sioniste religieux, a publié une déclaration avertissant que son parti "ne se joindra pas" à l'accord prévu, qu'il a décrit comme étant "une catastrophe pour la sécurité nationale d'Israël".
"Nous ne validerons pas un accord de reddition qui prévoit la libération de terroristes, la fin de la guerre, et l'abandon des réalisations payées au prix fort, sans oublier la perte d'un grand nombre d'otages", a-t-il affirmé.Il a ajouté que "le moment est venu de redoubler d'efforts, d'occuper et de nettoyer toute la bande de Gaza, de prendre enfin le contrôle de l'aide humanitaire du Hamas, et répandre l'enfer sur Gaza jusqu'à ce que le Hamas se rende à 100% et que tous les otages soient libérés".
Ulcérés par cette déclaration, des dizaines de membres des familles des captifs ont fait irruption dans une salle de réunion de la Knesset, où la commission des Finances se réunissait pour discuter du budget 2025.
Une altercation verbale s'en est suivie, qui a duré plus d'une heure, au cours de laquelle ils l'ont accusé d'avoir "abandonné les otages".
Netanyahu "a perdu du temps et des vies" pour atteindre son ambition politique
De son côté, le journal israélien Maariv admet que ceux qui ont appelé à avancer la date des élections israéliennes pour mettre fin à la guerre et obtenir la libération des otages ont commis une erreur critique en se concentrant sur les élections en Israël, au lieu de plaider pour des élections plus précoces aux États-Unis.
L'article affirme que le calendrier de libération des captifs, qu'Israël et le Hamas sont censés finaliser, est largement façonné par les menaces explicites du futur président américain Donald Trump, couplées à des indications croissantes que la phase actuelle de la guerre est proche de sa conclusion.
Maariv a admis que "Trump suscite plus de craintes que Ben-Gvir et Smotrich". Le journal souligne que Netanyahu a déployé des efforts incessants pour faire comprendre cette dynamique à ses alliés, trouvant un auditoire réceptif en Smotrich, qui mise sur le soutien de Trump à l'occupation de la Cisjordanie en 2025. Le journal a suggéré que "Gaza peut être sacrifiée" pour atteindre cet objectif.
L'éditorial a critiqué la décision de Netanyahu de négocier un accord, la qualifiant de décision motivée par des "motivations inappropriées". Il affirme que si l'accord peut présenter des avantages à court terme, les coûts réels, notamment en termes de perte de temps et de vies humaines, sont très élevés.
"Il ne reste plus qu'à déplorer le temps perdu, les otages tués ou morts en captivité, qui auraient pu rentrer chez eux, et les soldats qui ont péri sans objectifs ni projet clairs pour succéder à l'autorité du Hamas", souligne l'article.
Il conclut en évoquant la situation désastreuse des otages :
"Certains ont perdu la vie. Les conditions de détention des survivants ne cessent de se dégrader... Prions pour qu'aucun imprévu ne vienne retarder l'approbation finale de ce qui aurait dû être réglé depuis longtemps".
Pour rappel, en dépit des négociations en cours, la bande de Gaza continue de subir des bombardements israéliens incessants, amplifiant une crise humanitaire déjà catastrophique. Le génocide israélien persistant a tué plus de 46 000 Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, tandis que plus de 110 000 ont été blessés. Gaza n'est plus que ruines, tandis que le carnage infligé par Israël dévaste l'enclave avec acharnement.